La ville d'Orgon est dotée d'une histoire riche, qui commence bien avant l'arrivée de l'Homme dans la région. Vous pourrez découvrir l'histoire géologique et paléontologique du territoire au Musée Urgonia et poursuivre votre périple par une visite des principaux monuments de la ville, qui vous feront voyager à travers les siècles.

Le château du Duc de Guise

Le château du Duc de Guise fut fortifié à la fin de l’Empire romain. La place forte fut détruite au VIe par les Wisigoths venus assiéger Arles. Reconstruite au XIe siècle, elle devint le fief des comtes de Provence. C’était au XIIe siècle une forteresse militaire réputée, chargée de surveiller la vallée de la Durance. C’était un lieu de justice et une prison redoutée. Louis XI la fit à nouveau abattre en 1483. Relevée au XVIe par la famille De Guise pendant la Ligue, elle fut démantelée une quatrième et dernière fois sous Louis XIII par Richelieu en 1630 au grand soulagement des villageois. Ce site remarquable témoigne des bouleversements de l’histoire d’Orgon et de la Provence.


L'église Notre-Dame de l'Assomption

La première église se trouvait dans l'enceinte du village de la Savoie, au pied des ruines du château. L'église actuelle date de 1325. Sobre mais élégante, de style gothique provençal, elle comprend une abside à cinq pans et une nef unique en pierre nue, plus haute que l'abside, le tout voûté d'ogives.

Cette église est aussi une vaste nécropole. Cinq chapelles sur six abritent les sépultures de nombreuses familles Orgonnaises dont  les Berne, les Montagnier, les Collin, les Rostand, ainsi que les prêtres et les moines qui jadis administraient la paroisse.

Le clocher fut construit en 1660, année du passage du Roi Louis XIV à Orgon. A cette époque, son carillon était de grande renommée. Il possède toujours ses sept cloches ; six en acier moulé, placées en 1862 et une grosse cloche en bronze baptisée en 1754 du nom d'Anne-Marie.

Le chœur est la partie la plus ancienne de l'église. Il présente la caractéristique étonnante d'être oblique par rapport à l'axe central de l'église, évocation de l'inclinaison de la tête du Christ sur la croix. Seulement trois églises en France possèderaient cette particularité. Le  maître-autel, en marbre, a été placé en 1825. Dans la chapelle Sainte Thérèse sont, scellés dans les dalles du sol, deux solides anneaux de fer, où étaient attachés les forçats de passage à Orgon qui désiraient assister à la messe.

Le chœur, qui au XVIIIe siècle a été revêtu de boiserie, est orné de cinq tableaux de l'époque classique, répertoriés par les monuments historiques le 12 juillet 1971. Le triptyque  « La Vierge à l'enfant  entre Saint-Pierre et Saint-Paul » fait partie des chefs-d'œuvre de la peinture provençale du XVIe siècle. Notre église possède également seize tableaux de grande qualité. Les vitraux et les tableaux ont été restaurés par René Fages qui redécouvrit et réhabilita la statue médiévale en pierre de sainte Anne. Elle veille aujourd'hui dans la chapelle près de la statue miraculeuse en bois de la vierge de Notre-Dame de Beauregard. Dans l'église, à droite de l'entrée principale les fonts baptismaux en marbre blanc délicatement sculptés ont été restaurés par Charles Mazzetta en 1987. Un orgue fut inauguré par le Chanoine Bonnard le 15 août 1873.


Le site de Notre-Dame de Beauregard

Le site de Notre-Dame de Beauregard fut un lieu sanctifié avant l'ère de la chrétienté. A l'âge du Fer un oppidum celto-ligure s'y élevait, on y a retrouvé un autel dédié au dieu Orcus. Les romains y honorèrent plus tard Jupiter,Taranus, Apollon, Silvanus dont témoignent des vestiges.

Aux premiers temps de la chrétienté une chapelle remplaça le sanctuaire romain, un ermitage abritait l'anachorète, fidèle qui s'est retiré du monde pour mener une vie eucharistique solitaire faite de prières et d'ascèse. Protecteur, le site accueillait les processions descendant vers l'église du village par le sentier des oratoires lesquels datent de la période renaissance. Les villageois demandaient à la vierge Marie son intercession contre les grandes épidémies, pour la réalisation d'un vœu, pour obtenir une guérison.

La statue de Notre-Dame de Beauregard date du début XIVe siècle, époque à laquelle s’installa la papauté à Avignon. En bois, elle représente la vierge et l'enfant Jésus et mesure 1,40 m de hauteur. Marie tient sur son bras gauche l'enfant Jésus qui lui effleure le menton. Le 8 septembre 1592 un chef de guerre protestant, le baron des Adrets, précipita la statue du haut rocher, 100 mètres plus bas. Elle resta intacte, avec seulement une phalange brisée à la main droite. Une source jaillit au point de chute. Des miracles s’ensuivirent et des ex-voto furent dédiés à Notre-Dame de Beauregard. Ils sont exposés dans le monastère. Un monument expiatoire fut dressé pour commémorer ce miracle dans les jardins, à l'endroit d'où fut précipitée la statue. La statue est conservée au sein de l'église Notre-Dame de l'Assomption.

Le couvent a été construit à partir de juillet 1638 par deux architectes d'une congrégation religieuse, les frères Gervais et Félicien. Il fut achevé en avril 1660. Chaque jour de 1638 à 1790, une messe y était célébrée par la communauté des Augustins Déchaussés de Saint Pierre d'Aix. Pendant la révolution les biens furent confisqués, les frères chassés, le lieu réduit au pillage et à l'abandon.

Généralement c'est sur un lieu sanctifié qu'un autre était érigé et il est fort probable que sous la chapelle actuelle se trouvent des traces de tous les anciens édifices de culte qui la précédèrent.

En 1854 une épidémie de choléra réveilla la ferveur des habitants. Peu à peu grâce au chanoine Bonnard, le couvent fut restauré et en 1878 la chapelle actuelle fut mise en construction d'après les plans de l'abbé Pougnet, avec une capacité d'accueil d'un millier de fidèles.

En 1903 sur le point culminant de la colline de Beauregard fut érigée la croix des pénitents gris d'Avignon. Les petites sœurs de Foucault s'y installèrent en 1958. Elles y élevaient un troupeau, vivaient en toute simplicité. Plus tard vint la communauté du Lion de Juda et de l'Agneau Immolé.

En 1982 le monastère fut à nouveau laissé à l'abandon.

John Fanno le découvrit en 1983 et avec l'accord de la municipalité d'Orgon décida de lui redonner âme et vie. Il créa l'association des Amis de Beauregard pour la sauvegarde et l'animation culturelle du site : exposition, musée villageois, concerts.  John Fano et sa compagne Isabelle restèrent à Beauregard jusqu'en 1992. L'œuvre considérable qu'ils ont accomplie a restitué au site sa splendeur et lui a attribué une renommée culturelle.

Le 6 juin 2009 John et Isabelle Fanno furent invités pour le vingt-cinquième anniversaire de l'association des Amis de Beauregard. La salle des pèlerins fut rebaptisée "la salle Isabelle et John Fanno" et la médaille de la ville leur a été remise.

La table d'orientation

En passant sur le site de Nore-Dame de Beauregard, il est indispensable de se rendre à la table d'orientation (près de la Croix des Pénitents gris), point de vue exceptionnel sur la vallée de la Durance, la chaîne des Alpilles et la chaîne du Luberon.

De ce lieu, nous apercevons la chaîne des Alpilles et la fameuse forteresse des Baux de Provence ou encore la cité des Papes en Avignon. Ce point de vue montre la situation unique d’Orgon comme seuil de passage entre l’extrémité Est des Alpilles et la Durance, entre les Alpilles et la chaîne du Luberon.


Les chapelles

La Chapelle Saint Roch : La chapelle Saint-Roch fut érigée au XVIIe siècle et agrandie en 1720. Cette année-là, une épidémie de peste terrible désola la Provence. À Orgon, ce fléau fit des victimes, mais le nombre des morts fut jugé faible par rapport aux communes avoisinantes. Les Orgonnais avec leurs consuls firent alors le vœu, pour remercier la Providence de les avoir délivrés de ce péril, d’organiser le 16 août de chaque année une procession solennelle jusqu’à la chapelle Saint-Roch.

La chapelle Saint-Gervais : Cette chapelle fut construite au XVe siècle pour la sépulture de la famille d’Elzéar de Mouriès qui fonda l’hôpital d’Orgon en 1428. Le prieuré de Saint-Gervais était desservi par un prêtre auquel une rente annuelle de 599 livres était allouée pour s’acquitter de son office. L’édifice était en pierres de taille. Seul un des deux contreforts de la façade Ouest subsiste. Elle est devenue la propriété de la ville d'Orgon en 2014.

La chapelle Saint Véran : Située dans une propriété privée en bordure du chemin de Saint Véran, elle a été élevée en l’honneur de Saint Véran, évêque de Cavaillon, puis pillée et démolie par les Sarrasins. La chapelle telle qu'on la connaît aujourd'hui a été rebâtie au Xe siècle.


Les remparts et ses portes

Les premiers remparts d'Orgon bordaient à l'ouest le village de la Savoie, blotti au pied du château. Ils reliaient la porte de l'Hortet à celle du Four de Ville et occupaient l'emplacement actuel de la mairie et de l'église. Un reste de mur est encore visible à gauche de la maison commune, où se trouvaient les prisons seigneuriales. A partir du XVIe siècle, Orgon se développe et de nouveaux remparts apparaissent. Cette deuxième enceinte fut édifiée en 1591 pendant la Ligue. Cette guerre religieuse avait pour but apparent la défense de la religion catholique contre les calvinistes mais en réalité il s'agissait de la conquête du trône de France par la maison de Guise. Les remparts ont une épaisseur d'environ un mètre et une hauteur de 6 à 7 mètres et ils furent construits à la hâte grâce aux subsides de la province.

La porte de l'Hortet : La porte de l’Hortet, la plus ancienne porte fortifiée, date du XIe siècle. Elle appartient à l’enceinte du premier village qui s’élevait au pied du château. En ogive, elle a conservé sa salle du corps de garde, ses créneaux alternant avec des merlons, des meurtrières, un œil de bœuf découpé dans le rempart.

La porte Sainte-Anne : C'est l'entrée Ouest de la deuxième enceinte et du village. Elle est située sur la place Moulinas, du nom de notre consul en 1739. Si cette porte pouvait parler, elle nous décrirait tous ces grands personnages qu'elle a vu passer. Citons par exemple, François 1er qui en 1516 s'en revenant d'Italie, s'arrêta quelques heures avant de continuer sa route vers Tarascon, Nostradamus, le Pape Pie VII, qui séjournera à Orgon dans une grande ferveur populaire et sera hébergé à l'hôtel de Berne N°13 rue Edmond Coste pour une nuit de repos après son long voyage, Napoléon 1er, qui passa par Orgon pour se rendre à l'île d'Elbe, a été obligé de revêtir un uniforme d'officier étranger afin d'échapper à l'hostilité villageoise. Sont également passés sous cette porte deux autres Papes, Louis XIV et la reine Christine de Suède. Orgon, ville de passage, était aussi une ville étape pour les militaires, ce qui était une charge énorme pour nos aïeux. En effet ces derniers devaient fournir le gîte, le couvert et une place au feu. Chaque maison logeait quatre à huit soldats et ceci pouvait durer parfois toute une saison. Notons également que dès l'arrivée des troupes, toutes les portes de la ville étaient fermées et personne ne pouvait plus sortir sans un sauf-conduit. C'était également une ville étape pour les forçats venant de l'intérieur de la France, à pied, enchaînés, qui s'arrêtaient alors soit à l'hôpital soit à la prison avant de se rendre au port de Marseille ou au bagne de Toulon.

La porte de la Durance : C'est l'entrée Est de la deuxième enceinte. Cette porte est également appelée porte de l'Ange. La porte de la Durance présente des parements en pierres de taille avec ouverture ogivales, des créneaux et mâchicoulis couronnent cette porte. Elle se fermait au Moyen-Âge d’une herse ou sarrasine qui existait encore en 1741. C’était une lourde claire-voie formant un obstacle infranchissable. Les herses se manœuvraient de la salle voûtée située directement au dessus du passage. Cette salle qui servait de corps de garde et plus tard de logement du veilleur, était ouverte du côté intérieur et on la fermait avec des poutrelles en cas de mauvais temps. L’ancienne voie romaine déjà évoquée passait ici au bas d’Orgon, entre la Durance et le rocher. Un péage était installé près de la porte de la Durance dans une grotte naturelle, au bas du château de Guise, utilisée aujourd’hui comme remise dont on aperçoit le portail en bois sur la gauche. Le péage d’Orgon, enregistrait surtout un trafic de poisson et d’huile. Suivant les crues des eaux, les bateaux s’amarraient à peine un peu plus loin sur la gauche, c’est pourquoi ce quartier s'appelle Port Vieux.


Les Croix

La croix des Missions : Au sommet du fronton de l’église paroissiale est placée la croix des Missions. Sur un socle est gravé « Mission de 1902 », date à laquelle elle fut bénite.

La croix du parvis de l'église : Sur la terrasse près de la Mairie, à la base de l’église, la croix du parvis de l’église de l’Assomption est en fonte ouvragée. Elle surmonte un autel en pierre où, autrefois, en certaines circonstances, le prêtre de la commune officiait. Elle a remplacé une ancienne croix en bois, supportant un très grand Christ. Au milieu du siècle dernier, ce Christ, transformé en gisant, fut déposé dans l’église, sous l’autel de la chapelle du Sacré-Cœur.

La croix des pénitents gris : C'est en 1903 que cette Croix fut érigée dans l'enceinte de Beauregard après avoir été bénite dans l’église des Carmes d’Avignon une semaine plus tôt. Prise dans un chêne de 10 mètres de long, elle fut d’abord exposée dans la chapelle de Beauregard, le dimanche 23 août 1903, on comptait 6000 personnes sur la colline. Le piédestal haut de 2 mètres 80, est en pierre de taille des carrières Jury Véran de Ménerbes. Sur quatre plaques de marbre, fabriquées par le sculpteur Galinier sont gravées des inscriptions latines, une poésie en français, une autre à l’âge d’or du félibrige est en langue mistralienne. En avril 2009, la Croix qui oscillait dangereusement par temps de mistral fut remplacée à l’identique.

La croix de la Durance : Au Nord se dresse la croix de la Durance au-dessus de la vallée de la Durance et de la falaise du port-vieux. Elle est visible de très loin par les villageois et les voyageurs.

La croix du cimetière de la Pinède : A l’entrée du cimetière de la Pinède est implantée une croix en bois. Anciennement située au début de la rue Sous le Fort, cette croix a été déplacée lors de la réfection de cette rue.

La croix de la chapelle Saint-Roch : Au pied de la chapelle, la croix de la chapelle Saint-Roch borde le chemin. Elle a été dressée en 1803 pour témoigner du renouveau religieux qui a succédé à la révolution.

La croix du chemin de la Mine : Une croix en fer forgé ouvragé est située en bordure du chemin de la Mine, à l'entrée d'une propriété privée.

La croix de la Conillère : Elle se situe sur la petite place de la Conillière, qui débouche sur la D7n et rappelle aux passants les morts de la peste de 1720.

La croix de la porte de la Durance : Elle domine la fontaine de la porte de la Durance.

La croix du mas Bréguier : Elle se trouve dans une propriété privée.

La croix de la Perdigale : Aujourd’hui disparue, elle marquait une des stations de la procession des rogations vers les Engrenages ou Engranauds, afin que les récoltes de céréales soient abondantes.

La croix du Faubourg Sainte-Anne : A l'angle du faubourg Sainte-Anne et de la montée du paradis une croix ouvragée est scellée sur un socle de pierre.


Les oratoires

L'oratoire de Saint-Antoine : Une niche dans l’angle du mur de la porte de l’Hortet qui conduit à l’ancien village de La Savoie, abritait autrefois une statue de Saint-Antoine. C’était l’oratoire de Saint-Antoine.

Sur les cinq oratoires qui, autrefois, jalonnaient à travers la colline le sentier reliant la ville à Notre-Dame de Beauregard, trois ont bravé les morsures du temps, résisté aux attaques du Baron des Adrets et aux ravages des révolutions. Il s'agit de l'oratoire de l'Annonciation, l’oratoire à la Gloire de Jésus et Marie et l'oratoire du Massacre des Innocents et de la Fuite en Égypte. Fortement mutilés, les personnages sont encore visibles, mais il est difficile de reconnaître avec certitude ce qu’ils représentent. Les deux oratoires disparus sont probablement le second et le cinquième de la série. Le second, la Visitation, dont il ne reste plus aucune trace, devait faire suite à l’oratoire de l’Annonciation. Le cinquième et dernier se situait près des rochers à une centaine de pas de la chapelle. Il a gardé la masse solide de sa base supportant actuellement une croix en acier qui remplace l’édifice ancien.

L'oratoire de l'Annonciation : Adossé au mur de soutènement d’un verger d’oliviers, cet oratoire a été édifié avant 1515. Il est de construction massive, en pierre de taille, son toit est formé d’une dalle légèrement cintrée surmontée d’une croix métallique. Le socle bas supporte une grande niche au fond de laquelle une sculpture très mutilée représente la Vierge et l’Ange Gabriel. Il résista en 1515 à des pluies torrentielles qui dévalèrent la colline jusqu’au rempart provoquant des effondrements d’où l’oratoire surgit intact après déblaiement.

L'oratoire à la Gloire de Jésus et Marie : Cet oratoire présente toujours la même élégance d’architecture Renaissance. Il se compose d’un piédestal plus étroit que la niche qu’il supporte et l’ensemble de l’édifice est adossé sur un mur. Le socle est orné de sculptures : au centre un blason portant une inscription, au bas un coquille et en haut, sous la dalle supportant la niche une tête, un motif allégorique symbolisant le soleil et une feuille d’acanthe. La niche est encadrée de deux piliers. Celui de droite est très ouvragé. À l’intérieur de la niche, un bas-relief représente quatre personnes décapitées par les ans. Deux belles figurent d’anges animent le fronton supérieur. Sous la voûte de la niche, on relève l’inscription : Hoc opus fecerunt fieri Amedeus Roverely et aleata De Urgone Anno Domini 1516, ce qui signifie "Amédée Rovereli et Alet, son épouse, d’Orgon, ont fait élever ce monument l’an du Seigneur 1516". Depuis le 22 juillet 1935, ce monument est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Louis Espérandieu, artiste peintre né en 1787 et mort en 1857 à Orgon est l’auteur d’un tableau Scène de Rogations peint devant cet oratoire. Cette toile réalisée en 1835 reproduit fidèlement les costumes féminins du siècle dernier.

L'oratoire du Massacre des Innocents : Le troisième oratoire existant sur cette montée pittoresque est l’oratoire du Massacre des Innocents et de la Fuite en Égypte. Il porte, sous la voûte, une inscription gravée qui permet d’en connaître le vocable : Come Hérode Les Inocens eise signifiant "Pour Jésus vont mourir les martyres". Il se compose d’une grande niche en plein cintre encadrée de deux pilastres cannelés surmontés de chapiteaux, posée sur une base peu élevée au-dessus du sol. Le fronton, avec toit à deux pentes, porte en son centre une figure du Christ. Deux bas-reliefs occupent le fond de la niche. Celui du haut, le plus important peut évoquer, par sa composition, le Massacre des Innocents et celui du bas la Fuite en Égypte.

L'oratoire de la Madeleine : Ce gracieux monument du XVIIe siècle est  adossé à un mur de pierres sèches. Surélevé de trois marches, il est construit en pierres de taille et se compose d’une grande niche en plein cintre, encadrée de pilastres à chapiteaux ioniques, dans laquelle on voit un haut-relief polychrome représentant le Christ après sa Résurrection apparaissant à Madeleine. Sur la base de l’édifice, on remarque, dans un joli cartouche, des armoiries dont on ne peut distinguer les gravures. Le cartouche du haut porte l’inscription Noli me tangere, "Ne me touchez pas", et le millésime 1663.

L'oratoire du Chêne : Également appelé Saint-Michel, il se cache dans les chênes verts, près du domaine de Valdition, sur une butte bordant la route qui conduit à Mollégès. Il fut élevé en 1870 par la famille Dacla, en souvenir de la guérison miraculeuse d’Anaïs Montanier, survenue le 1er septembre 1858. Construit en pierres de taille, son socle massif qui repose sur une large assise de deux marches, est surmonté d’une niche élancée renfermant une statue de la Vierge. Son toit supporte une croix ouvragée en fer forgée. Quatre bornes reliées entre elles par des chaînes clôturaient l’ensemble. Deux lampadaires en fonte et deux colonnes supportant chacune un vase ornemental encadraient l’édifice.


La tour du Télégraphe Chappe

Sur les hauteurs des falaises des Alpilles, vers Sénas, se trouve une petite tour ronde, qui servait de station au télégraphe Chappe. Cette invention française, qui porte le nom de son inventeur, est un moyen de communication visuel, permettant de transmettre des messages sur des distances de plusieurs centaines de kilomètres.

La première ligne fut mise en service en 1821 et permettait de transmettre un message de Paris à Toulon en vingt minutes. Pour cela, une centaine de tours comme celle d’Orgon furent installées tous les dix kilomètres.

Du haut d’une colline comme celle Orgon, d’une montagne, d’un clocher comme celui de Notre-Dame des Doms à Avignon, le télégraphe Chappe, envoyait des messages optiques à la vitesse de 500 km par heure à partir de 1794 jusqu’en 1845. Le premier télégraphe Chappe fut installé sous la coupole du Louvre. La station d'Orgon date de 1821. Située à 254 mètres au-dessus de la vallée de la Durance, elle mesure 2m30 de haut.

Chappe avait créé un code dont le vocabulaire tenait dans un livre de 92 pages. Chaque page comptait 92 lignes. Le livret contenait 8 464 mots, groupes de mots ou phrases correspondant à un nombre, ce nombre correspondait à une position des deux bras, il y avait 120 positions possibles. Les installations distantes de 10 km étaient visibles grâce à une longue-vue. Un message entre Toulon et Paris codé par deux signaux était transmis en vingt minutes en passant par les cent-seize stations de la ligne.

Ce moyen de télécommunication fut créé durant la période révolutionnaire et ces messages étaient réservés à l’état-major. Le télégraphier actionnait les deux bras en fonction des positions qu’il relayait sans  pouvoir les décrypter. Le rez-de-chaussée de la tour était habité par le stationnaire. Au premier étage se trouvait la salle d'où l'on activait les signaux. Enfin, sur le toit il y avait le mât avec ses deux bras indicateurs.

Évidemment la brume, la pluie, le brouillard, la nuit, interrompaient les communications. Si bien que le système qui couvrit la France entière du Nord au Sud et d’Est et en Ouest, fut délaissé avec l’invention du télégraphe électrique en 1845 et définitivement abandonné dès l’invention du Morse en 1854, ce dernier laissant des traces écrites.